Bonjour,
Je vous présente une vue de ce très bel objet capturé sur 3 nuits du 14 au 16 novembre dernier depuis La Fosse avec le bon vieux C11 à F/D 6.3 et la bonne vieille CCD SBIG ST10XME en binning 2. Il y a 28 poses de 10 minutes avec filtre Ha de 6nm de bande passante combinées à 52 poses également de 10 minutes avec filtre OIII, le tout pour un temps de pose global de 13hr 20 minutes. L'image est présentée en mode HOO pour lequel la couche OIII est dupliquée pour servir à la fois de couche verte et de couche bleue.
Remarque: sur cette image, le nord est à droite.
Située à environ 1600 AL de la Terre, cette nébuleuse a été découverte par les astronomes Jones et Emberson en 1936 d'où son nom. Son diamètre réel est de 3 années-lumière et sa taille apparente sur le ciel est pratiquement la même que celle de Dumbell (M27) mais elle est beaucoup plus faible puisque sa magnitude est de 14 contre 7,6 pour Dumbell qui ne se trouve elle, qu'à 860 AL.
Même si elle est faible, Jones Emberson 1 répond assez bien en Ha comme on peut le voir sur l' image brute ci-dessous:
Le signal est par contre beaucoup plus faible dans la longueur d'onde de l'oxygène doublement ionisé OIII
J-Luc
Ce furent trois magnifiques soirées d’observation avec un bémol pour la nuit du 8 où l’observatoire n’émergera des nuages que vers 23h30.
Le rythme des journées était, maintenant, bien établi. Arrivée à l’observatoire vers 18 heures, installation du matériel, contemplation du coucher de soleil et début des observations aux alentours de 19h30.
7/11
Alexandre relèvera un SQM à 21,54
Je profite de la tombée de la nuit pour observer quelques minutes Mars et Saturne, qui, à cette latitude, sont encore assez hauts dans le ciel.
La turbulence m’empêchera de de voir autre chose que la calotte glaciaire sur Mars. Saturne se montrera plus généreux avec une division de Cassini parfaitement découpée et une bande atmosphérique bien visible.
20h15, de l’humidité tombe du ciel recouvrant le matériel d’une fine couche. Heureusement, le phénomène, de courte durée, ne sera pas suffisant pour embuer les optiques.
J’en profite pour observer M16 (« la nébuleuse de l’aigle ») en essayant, sans succès, d’y déceler la présence des célébrissimes « piliers de la création ». Je distingue bien des nuances subtiles dans les contrastes mais mes yeux se perdent et je suis incapable de les cerner.
20h45, je profite de la latitude pour observer Neptune et Uranus (qui sont nettement plus haut dans le ciel que chez nous). Au grossissement maximum dont je dispose (285 x), ils apparaissent tous deux comme une bille bleutée sans nuances d’albédo. Je ne perçois pas non plus leurs principaux satellites (Triton pour Neptune, Titania et Obéron pour Uranus).
21h30 à 22h30 Je repointe la galaxie « M33 » et la nébuleuse « Helix » pour peaufiner les croquis que j’avais fait la veille.
Après une revisite de NGC 7479 qui ne me montre pas plus ses 2 bras spiraux que la veille, je passe à NGC 6946 « La galaxie du feu d’artifice située entre le Cygne et Céphée.
J’y vois un bras très développé mais n’arrive pas à distinguer les autres.
Je termine la soirée par une nouvelle observation détaillée de la comète 38P « Stephan – Oterma » et de NGC 3292 « L’esquimau » et je complète le schéma de la veille.
Je me coucherai vers 2h30 et me lèverai vers 6h30.
A 7h, dans la clarté aurorale, Vénus brille de mille feux. J’observe son fin croissant (illumination à 5,5 %) avant de ranger le Dobson dans l’observatoire et de regagner le refuge du Club Alpin Français.
8/11
Le brouillard ne nous permet d’observer qu’à partir de minuit. Alexandre relèvera un SQM de 21,47.
Pendant la journée, j’avais eu un contact « WhatsApp » avec Manu et avais évoqué mon observation de la comète 38P. Il m’avait répondu en me recommandant les comètes 46P « Wirtanen » et 64P « Swift-Gehrels »
Il est trop tôt pour la seconde mais j’attaque 46P qui se montrera beaucoup plus lumineuse que 38P malgré une magnitude annoncée moindre sur « Sky Safari ».
Je ré-observe ensuite 38P et note son déplacement par rapport à la veille.
Vers 1h45, je descends dans l’Eridan à la recherche de la galaxie NGC1365. C’est une spirale barrée dont les bras sont réputés se voir assez facilement. « Facilement » n’est pas le terme que j’aurais employé mais, en vision indirecte, je les perçois.
Je passe ensuite une demie heure à me balader dans l’amas galactique de l’Eridan. J’y distingue facilement une bonne quinzaine de galaxies de formes diverses. J’adore me balader dans ce type de champs !
A 2h30, la comète 64P « Swift-Gehrels » est suffisamment haute pour que je l’observe. Elle se révélera beaucoup moins lumineuse que 46P mais c’est ce n’est que vers la fin décembre qu’elle devrait atteindre sa luminosité maximale.
Je termine ma soirée par un grand classique : M31. Je ne suis pas déçu, il claque dans l’oculaire dont il déborde largement. J’en ai une vision presque photographique avec une bande d’absorption bien visible au nord du noyau, une zone moins dense vers l’ouest et M32 qui la touche presque …
9/11
A 18 heures, nous avons des craintes pour la nuit car l’observatoire est dans les nuages et Alexandre n’aura pas la possibilité d’immortaliser le coucher de soleil comme il l’avait prévu. Heureusement, cela ne durera pas et, vers 19h30, le ciel se dégage brusquement.
Alexandre relève un SQM de 21,50.
C’est notre dernière nuit et nous devrons partir en fin de matinée pour l’aéroport de Marrakech. Je décide donc de ne pas aller dormir trop tard ….
Pour moi, ce sera la soirée des comparaisons avec des observations que j’avais faites dans les Alpes suisses, à 2000 mètres d’altitude, l’année passée. Le résultat est édifiant ! Malgré un diamètre plus petit (miroir de 250 ici contre miroir de 400 en Suisse), je perçois plus de détail et j’ai un meilleur contraste. J’attribue ce résultat aux 700 mètres d’altitude en plus et à l’absence quasi-totale de pollution lumineuse. Plus subjectivement, peut-être ai-je également fait quelques progrès dans mes observations. Le fait d’avoir déjà dessiné ces objets et de les avoir comparés à des photos m’a peut-être aidé à en percevoir plus de détails.
19h30, je commence par M20 « La trifide ». Même ici, elle est très basse sur l’horizon. Ce n’est pas la bonne période pour l’observer mais c’est le seul moyen de faire la comparaison.
Le dessin suisse avait été fait dans de mauvaises conditions (pollution lumineuse du village de Chandolin, lune à 60% quoiqu’assez éloignée et observation menée rapidement dans un trou de 10 minutes entres les nuages). C’est cependant le seul dessin que j’avais fait, en Suisse, avec le même instrument.
Dessin réalisé en Suisse
Dessin réalisé à Oukaimeden
A 20h15, je passe sur M17 que je souhaite également comparer à la vision que j’en avais eu en suisse avec un Dobson 400.
Dessin suisse :
Malgré le diamètre inférieur, je note plus de détails sous le ciel de l’Atlas marocain !
Je poursuis avec M27 « Dumbbell »
Dessin réalisé en Suisse au Dobson 400
Ici encore, malgré le diamètre inférieur, il y a plus de détails dans les contrastes.
A 22 heures, je décide de profiter une dernière fois de la latitude pour observer deux objets fort bas chez nous : NGC 246 « La nébuleuse du crâne » dans la constellation de la baleine et NGC 1535 dans celle de l’Eridan.
Je ne percevrais qu’une zone sombre au nord des 2 étoiles centrales alors que les photos en montrent deux figurant les orbites inquiétantes du crâne ….
L’œil de Cléopâtre se montrera moins généreux et je ne verrais qu’une bille vaguement bleutée sans détails.
Je terminerais la nuit en regardant Alexandre immortaliser les étoiles Andromède 17 et 19 qu’un de mes amis m’avais demandé de photographier.
Je vais rejoindre Morphée vers minuit quart la tête pleines d’images que je me remémore avec délectation...
Le 6/11/2018 fut, pour moi, une dure journée !
Je suis parti de chez moi à 2 heures du matin pour prendre l’avion à Düsseldorf.
Arrivé à Marrakech, Alexandre est venu me chercher avec la voiture de location : direction Oukaimeden.
Après l’installation et le souper au refuge du club alpin français, nous sommes partis à l’observatoire vers 17h30. Alexandre et Omar, le gardien, m’ont fait visiter les lieux et je me suis installé dans une des chambres.
Ensuite, mise en place du matériel puis contemplation du coucher de soleil sur la mer de nuage.
Vers 19h, la nuit tombait rapidement révélant progressivement un ciel scintillant de milliers d’étoiles et une voie lactée éclatante.
Alexandre relèvera un SQM oscillant entre 21,4 et 21,6 au milieu de la nuit.
A 19h30 j’attaque M33, la galaxie du triangle
C’est un objet difficile. Il nécessite un bon ciel car sa magnitude surfacique est faible et il est très diffus. Je le regarderai encore le lendemain pour conforter mon observation initiale.
Je perçois sa structure spiralée mais j’ai du mal à dissocier les bras galactiques. Au fil des minutes, un bras galactique plus contrasté se détache. Je n’en verrais pas d’autre et ne trouverai pas les régions HII qui la parsèment.
Elle me donne un peu une impression de coquille d’escargot.
Pour comparer, voir la photo de Jean-Marc dans le post précédent ....
Je passe ensuite à NGC 253 « La galaxie du sculpteur ».
En Europe, elle est toujours très basse sur l’horizon et je veux profiter la latitude marocaine qui la place beaucoup plus haut dans le ciel.
C’est une spirale barrée vue presque de profil. Le fuseau est éclatant avec un noyau allongé très brillant. Je ne perçois cependant pas les 2 bras …
Je n’ai pas bien reproduit la forme générale qui aurait dû être plus allongée comme en témoigne cette photo …
A présent, NGC 7293, la nébuleuse planétaire « Helix » également surnommée « l’œil de Dieu ».
Je l’avais déjà dessinée cet été, en Provence avec le Dob 400.
Elle nécessite un filtre OIII. Malgré le diamètre inférieur, j’ai le sentiment de percevoir nettement plus de détail. En particulier, je distingue les parties plus extérieures (dont j’ai exagéré le contraste sur mon dessin) ainsi que des zones plus denses dans l’anneau principal.
Pour comparer, voici le dessin fait en Provence …
J’observe alors NGC 7479 dans Pégase. C’est une petite spirale barrée que j’avais déjà observée sans arriver à distinguer le S central. Ici encore, elle apparaîtra sou forme d’un petit fuseau allongé et je ne percevrais pas le S.
J’essaye alors de voir la tête de cheval dans Orion. Autant NGC 2924 « La flamme » se détache très bien, autant je n’arrive à rien sur le canasson malgré le filtre HBeta réputé pour la mettre en évidence.
Puis, je passe quelques minutes sur M1, la nébuleuse du crabe dont je n’avais jamais réussi à observer une structuration interne. Ici, je sens bien qu’il y a des nuances dans la tache grise mais elles sont vraiment limites et fluctuent d’une observation à l’autre.
Je termine la soirée, vers 2 heures du matin, par la comète 38P « Stephan-Oterma ».
Elle est très diffuse et, à force de me tordre les yeux à la recherche d’une queue, je crois l’apercevoir furtivement.
Je pense que la fatigue commençait à me faire halluciner car je l’ai ré-observée les deux nuits suivantes ... sans percevoir la moindre ébauche de queue.
Le dessin, ci-dessous, à été fait le lendemain car elle était alors dans le même champ que NGC 2393, la nébuleuse planétaire de l’Esquimaux dont la structure interne se révélait au grossissement maximum que j’avais prévu (ES 11 + Barlow 2,5 => 285 x). Le surlendemain, elle se situera un peu plus haut, entre les 2 étoiles du dessus.
Il y a 24 heures que je suis debout, j'ai froid et j'ai sommeil ! Il est grand temps de regagner ma chambre de l'observatoire où je m'endors épuisé mais les yeux remplis de merveilleux paysages et d'étoiles ...