Après une semaine passée dans le Quercy, Chantal et moi avons rejoint l’appartement de famille dans les alpes suisses à Chandolin.
Au cours de deux belles nuits, j’ai pu tester le site du « parking de la forêt » situé entre le village de Saint-Luc et celui de Chandolin à environ 1950 mètres d’altitude. J’y ai mesuré la noirceur du ciel et ai obtenu un SQM oscillant entre 21,3 et 21,4.
Un des animateurs de l’observatoire de Saint-Luc m’a dit que c’était la valeur qu’il mesurait aussi lorsqu’il y avait un peu d’humidité dans l’air mais que, les meilleures nuits, cela pouvait monter aux alentours de 21,7. Ce n’est quand même pas si mal si je me souviens qu’en Belgique, le meilleur score que nous ayons obtenu, avec Alexandre, était de 20,85 (près du signal de Botrange) ; que, dans la caldeira de Tenerife, j’avais obtenu 21,6 et que dans le haut atlas marocain (observatoire d’Ouikameiden nous avions mesuré 21,7 en novembre 2018).
Le parking est suffisamment large et bien orienté pour les observations. On dispose d’une grande ouverture vers le Sud-Est et le Nord-Ouest. Dans les autres directions, l’horizon est plus ou moins masqué par les sapins ou les montagnes mais on dispose toujours d’au moins 45° de ciel dégagé.
Les conifères de cette forêt sont principalement des mélèzes et des pins des alpes également appelés « Aroles ».
Il y a plus de quarante ans que je fréquente cette région. Je n’y avais jamais croisé le moindre moustique et pensais que ces nuisibles ne pouvaient vivre en altitude. Depuis environ trois ans, j’ai bien dû constater que c’était faux. Les moustiques ont envahi cette région et plus particulièrement cette clairière qui en est infestée dès la tombée de la nuit. En plus, ces « sales bêtes » sont arrivées à me piquer au travers des sous-vêtement minces qui couvraient mes bras.
Les deux nuits, j’ai monté le matériel vers 21 heures puis ai attendu que la nuit tombe, réfugié dans la voiture pour éviter les » horripilants suceurs de sang ».
Deux photos d'ambiance ...
Comète Neowyse C/2020 F3
Je ne pensais pas voir la comète depuis ce parking mais l’ouverture vers le Nord-Ouest permettait de bien l’observer comme en témoigne cette photo (médiocre) prise avec mon smartphone. On y voit la grande ourse (bien que l’étoile du bout de la casserole soit masquée par un petit nuage) et, un peu à droite, entre celle-ci et le sommet des sapins notre comète semblant vouloir plonger vers le bas.
Avec les 400 millimètres du télescope, l’image était somptueuse montrant un noyau éclatant entouré d’un halo verdâtre et d’une queue lumineuse à souhait sortant largement du champ (d’un degré) de mon plus faible grossissement.
J’ai fait plusieurs tentatives pour photographier la comète en afocale avec le smartphone mais n’ai obtenu qu’une traînée laiteuse verdâtre.
Station spatiale internationale
A plusieurs reprises, l’ISS a traversé la voûte céleste. J’avais activé les notifications de passage sur l’application « Skysafari » de mon smartphone et, prévenu de l’imminence de ses passages, j’ai essayé une fois de la suivre au télescope.
Malheureusement, elle était rapide et trop lumineuse, si j’ai bien perçu qu’elle n’était pas ponctuelle, je ne suis pas arrivé à distinguer le corps ou les panneaux solaires du vaisseau.
NGC 6781
Dans la constellation de l’aigle, se trouve une belle nébuleuse planétaire qui, malgré sa taille et sa belle forme annulaire n’a, à ma connaissance, pas de surnom.
Une nébuleuse planétaire, c’est une étoile en fin de vie qui éjecte son gaz dans des couronnes plus ou moins complexes. On y trouve donc une étoile centrale (visible si elle est encore suffisamment lumineuse) et une couronne souvent bien mise en évidence avec un filtre interférentiel (UHC ou OIII qui laisse passer la couleur de l’oxygène ionisé ainsi que, pour les UHC, celle de l’hydrogène ionisé).
La plupart des nébuleuses planétaires sont très petites, d’aspect quasi stellaire. Ce n’est pas le cas de NGC 6781 dont la taille fait environ 1 minute d’arc.
L’étoile centrale de NGC 6781 n’est pas observable avec mon télescope mais l’anneau, rouge sur les photos, est bien visible avec, en scrutant longtemps l’objet, une partie un peu plus lumineuse apparaissant sur ¾ de son périmètre.
Voici, en haut une photo Wikipedia et, en bas, le dessin que j’en ai fait avec un filtre OIII puis UHC.
NGC 6572
Tant qu’on est dans les nébuleuses planétaires, j’ai également observé NGC 6572, située dans le serpentaire et dont la couleur vive lui a valu le surnom de « l’émeraude ».
Cette nébuleuse est très petite mais sa couleur bleu vif (et non vert émeraude à mes yeux) permet de la repérer assez facilement. Il faut cependant grossir considérablement (400 x) pour déceler qu’elle est un peu allongée avec un centre légèrement plus lumineux et 2 bras en forme de « S » évoquant un peu la forme d’une galaxie spirale barrée.
Ci-dessous, une photo prise par le télescope Hubble et le dessin que j’ai fait.
NGC 7009
Pour terminer avec les nébuleuses planétaires observées ces deux soirées, voici NGC 7009 surnommée « nébuleuse Saturne » en raison de son aspect rappelant vaguement la planète aux anneaux à très fort grossissement.
Située dans la constellation du poisson, elle n’est pas très grande, environ ½ minute d’arc et il faut grossir fort pour en percevoir quelques détails en visuel. D’aspect un peu bleutée, elle comporte un anneau ovale légèrement plus lumineux que le reste. Personnellement, je n’ai vu ni l’étoile centrale, ni les extensions latérales en forme de petits jets partant aux extrémités de l’anneau central.
Voici une photo prise par le télescope Hubble et, en dessous, mon dessin.
NGC 4485
Passons maintenant à deux galaxies que j’ai essayé de détailler au cours de ces deux nuits.
La première est un couple de galaxies en interaction que les anglo-saxons surnomment « cocoon galaxy ».
La plus grosse des deux est une galaxie irrégulière plus ou moins vue de profil et une de ses extrémités est légèrement déformée par l’attraction gravitationnelle exercée par la plus petite.
Le couple est situé dans la constellation du chien de chasse et, visuellement, seules les parties les plus lumineuses sont perceptibles.
A nouveau, une photo glanée sur le net et mon dessin.
NGC 4565
Enfin, pour terminer, une galaxie très élégante. Elle se situe dans la constellation portant le nom poétique de « chevelure de Bérénice ». Vue de profil, elle est très fine ce qui lui vaut son surnom de « galaxie de l’aiguille ».
Elle est relativement lumineuse et très large puisqu’elle occupe pratiquement la moitié du champ d’un oculaire donnant 0,5 degrés. En réalité elle mesure environ 192.000 années lumières (soit à peu près le double de la taille de notre voie lactée) et se situe à une quarantaine de millions d’années lumières de nous.
Yves Piette
20:27:01 -
Yves -
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Ciel cathare
Cette année, Chantal et moi avons réservé une chambre au « refuge aux étoiles » près de Saint Antonin Noble Val, un peu au sud des causses du Quercy, dans une zone préservée de pollution lumineuse entre Albi et Montauban.
Ce gite et chambres d’hôtes sont tenus par un amateur qui organise des soirées d’initiation à l’astronomie sur son matériel (entres-autres, un newton 400 sur monture à fourche) et qui m’a permis de placer mon Dobson 400 sur son terrain.
Le séjour fut d’autant plus agréable qu’un couple d’amis, passant leurs vacances à quelques kilomètres de là en compagnie de membres de leur famille établis dans la région, nous ont fait découvrir le pays et nous ont organisé plusieurs soirées où nous avons été accueillis comme si nous faisions aussi partie de cette famille.
Entre les invitations et le ciel parfois nuageux, j’ai eu deux nuits d’observation que j’ai poussées jusqu’à des heures compatibles avec des visites touristiques diurnes le lendemain.
La vedette de cette période était, sans conteste, la comète Neowyse 2020 qu’on voyait, à l’œil nu, depuis la terrasse où était servi le petit déjeuné mais qui n’était pas accessible depuis le terrain où était placé mon télescope.
J’ai consacré ces deux nuits à l’observation d’objets « classiques » que j’avais déjà observés et, pour certains, déjà dessinés les années précédentes mais que je voulais affiner.
Messier 51
On ne présente plus ce couple de galaxies surnommée la galaxie du tourbillon et située dans la constellation du chien de chasse à 27,5 millions d’années-lumière de nous. La plus grosse galaxie finira par absorber complètement la plus petite … mais ce n’est pas pour demain.
Voici, en haut, une photo extraite de Wikipédia qui montre bien les bras galactiques et les zones d’absorption et à droite le dessin que j’ai réalisé.
En visuel, avec un diamètre de 400 mm, les bras galactiques sont discernables mais on s’y perd facilement. J’ai perçu le bras de matière reliant les deux galaxies mais, manifestement, elle a été exagérée sur le dessin.
Messier 16
Plus près de nous, puisque situé dans notre galaxie, Messier 16 est une des vedettes de l’été. C’est un amas ouvert entouré d’une nébuleuse de gaz ionisé surnommée la nébuleuse de l’aigle en raison de sa forme rappelant vaguement un oiseau aux ailes déployées.
En son centre se situe une partie sombre immortalisée par une des plus célèbres photos du télescope spatial Hubble intitulée « les piliers de la création ».
Voici une photo Wikipédia de la nébuleuse (en haut) et des « piliers » (en bas).
J’ai entouré, en bleu, les piliers sur la photo du haut.
En visuel, sur le T400, un des challenges est d’essayer de discerner ces piliers.
Après de longues minutes d’observation, ils ont fini par apparaître, en vision indirecte sous forme d’une petite tache en forme de « L » entourant une des étoiles.
Messier 17
L’objet suivant est de même nature que le précédent.
Situé un peu plus bas que le précédent, dans la constellation du sagittaire, un des surnoms de cette nébuleuse est « le cygne » en raison de sa forme qui peut évoquer un cygne nageant dans l’espace.
Avec le T400, en visuel, on distingue très bien la forme de l’oiseau ainsi que la partie moins lumineuse qui l’entoure. En observant suffisamment longtemps (avec filtre UHC ou OIII), des nuances d’intensité apparaissent progressivement dans la partie principale.
Ici encore, en haut, une photo trouvée sur le net et en bas, mon dessin
M20
Encore plus bas, toujours dans le sagittaire, à proximité du bulbe central de notre galaxie, se situe le dernier objet de cette série de nébuleuses en émission. Surnommée la nébuleuse trifide, en raison de son aspect, trilobé, elle est plus petite que les deux précédentes.
L’aspect trilobé provient d’un nuage de poussières obscures qui la traverse. Son centre est occupé par une étoile triple. En visuel, on ne perçoit généralement que deux de ces étoiles.
Comme pour les 2 nébuleuses précédentes, un filtre OIII ou UHC aide bien à percevoir les détails.
NGC 6888
Le dernier objet de cette série est encore une nébuleuse en émission (gaz ionisé par une ou plusieurs étoiles), mais elle est d’une nature très différente car le nuage de gaz a été formé par une étoile de Wolf-Rayet. Il s’agit d’étoiles assez grosses (plusieurs dizaines de masses solaires) qui, au début de leur vie, expulsent une grande quantité de gaz sous forme de vents stellaires très rapides. Le nuage expulsé forme une espèce de bulle plus ou moins bien fermée autour de l’étoile qui lui a donné naissance.
Le surnom de NGC 6888 est « la nébuleuse du croissant » car, vue de notre planète, la bulle prend à peu près cette forme.
Visuellement, cette nébuleuse n’est pas facile à repérer car elle est assez pâle et se trouve en plein dans les myriades d’étoiles qui compose la voie lactée. Sans filtre OIII (ou UHC), il est presque impossible de la trouver.
Je passerai la semaine suivante de mes vacances dans les alpes suisses où j’aurais encore deux soirées d’observation … mais ce sera une autre histoire …
Yves Piette
14:41:44 -
Yves -
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16 July 2020
Interview sur RTL Info de E. Jehin: la comète Neowise
Levez les yeux tout ce mois de juillet: il vous faudrait 90 vies pour revoir la comète Neowise.
Source: RTL info du 13 juillet 2020
18:54:31 -
Dominique -
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