En observation, on considère qu'il faut minimiser les écarts de température entre l'optique et l'air ambiant, afin d’éviter une formation de turbulence instrumentale.
En observation nocturne, il est bien connu qu'il faut sortir les instruments à l’avance, typiquement à la tombée de la nuit.
En observation diurne, les changements de température aussi affectent le système optique.
On considère que l'écart de température entre l'optique et l'ambiance doit être inférieur à 2°C, de préférence inférieur à 1°C.
Une différence entre le régime d’observation de jour et celui de nuit, est que de jour le soleil irradie vers le miroir, qui suivant le type de substrat utilisé absorbera plus ou moins d'énergie.
Je vous présente ici les résultats d'un modèle de température de miroir, qui intègre 4 facteurs:
- La radiation: l'élément chaud (l'ambiance) émet vers le miroir (l’opposé l’après-midi)
- La convection: à la surface du miroir, il y a un échange local entre l'air et le miroir, lié à l’écart de température entre les éléments.
- L'absorption dans la masse: le miroir absorbe une partie de l'énergie incidente, l'énergie solaire. L’absorption dépend du substrat
- Les paramètres physiques du miroir afin de déterminer sa capacité thermique d'absorption de l'énergie
Voici le résultat pour un miroir de 250mm de diamètre, qui a subit un traitement interférentiel et reflète une partie du flux. Le flux non réfléchi est transmis dans le miroir.
La courbe la plus importante est la noire. Elle représente l'écart de T° entre la surface frontale du miroir et l'ambiance.
Toutes les simulations commencent à 6h00 du matin, heure supposée du lever du soleil.
Au cours de la journée, le soleil irradie de plus en plus et la température ambiante augmente; ces deux valeurs atteindront un maximum vers 12h/14h.
Le miroir est supposé être mis à l'extérieur et est supposé en équilibre avec l'ambiance à 6h00, çàd 0° dans cette simulation.
Dès le lever du jour, la température monte.
La température ambiante monte plus vite que la température du miroir.
Vers 08h00, cet écart est le plus marqué, avec une valeur de près de -1.5° (miroir plus froid).
Le miroir se réchauffe, et avec le passage du soleil au zénith à 12h, l'écart s'amenuise et ensuite s'inverse.
Les écarts sont positifs l'après-midi, mais en observation solaire, la meilleure période d'observation solaire est le matin, lorsque la turbulence atmosphérique est moindre.
A priori, ce miroir est exploitable toute la journée. Préférentiellement de 10h jusqu'à la fin de la période de stabilité atmosphérique, vers 1h00.
Voici une simulation, considérant que ce miroir a été stocké dans un local pendant la nuit.
Les courbes sont bien différentes, mais à priori le miroir est exploitable dès 7h30 du matin.
C'est un résultat quelque peu inattendu : démarrer une observation solaire avec un miroir qui sort du stockage donne une plage d'observation plus longue.
Le miroir de 250mm utilisé pour la simulation plus haut est assez fin, 25mm d'épaisseur.
La face avant, arrière et le centre du miroir montrent un écart de température très faible.
Voici une simulation d'un miroir de 300m de diamètre. Ce miroir mesure 55mm d'épaisseur.
Son inertie thermique est bien supérieure.
Les écarts de température miroir-ambiance sont bien supérieurs, près du double.
Les courbes se réfèrent à un début d'observation à l'équilibre.
Dans la période d'observation solaire typique de 08h00 à 11h00, l'écart de T° miroir-ambiance est trop élevé.
Une autre simulation avec un miroir sorti d'une pièce plus chaude, montre que le miroir parait exploitable dès 8h30.
Tout cela est théorique.
Les simulations prennent en compte des coefficients, et il faut les choisir.
Puis il faut que ça colle avec la réalité...
Alexandre
Automne 2020
Complément d'informations
L'article de référence pour le développement du modèle est le suivant.
Thermal characteristics of a classical solar telescope primary mirror
Ravinder K. Banyal, B. Ravindra
Le modèle développé en mode unidimensionnel, dans l’épaisseur du miroir. Le modèle développé a été validé en comparant ses résultats et ceux de Banyal.
Pour la courbe d'irradiance, à priori Banyal a utilisé la latitude et longitude de l'Institut Indien d'Astrophysique à l'équinoxe.
Pour les résultats présentés par le modèle, les coordonnées de Saint Véran au 15 août on été utilisées.
Concernant la variation de température ambiante au cours de la journée, les formulations de Banyal ont été utilisées. L’amplitude de variation au cours de la journée peut être adaptée, 15 °C ici.
Concernant l'absorption à travers la masse du miroir la base provient de l’article suivant :
A Thermal Analysis of a 1.5 Meter f/5 Fused Silica Primary Lens For Solar Telescopes, Peter G. Nelson February 2007
Alexandre
Août 2021
La météo ayant été assez capricieuse en journée le 20/12, ce que n’est que sur le tard que je me suis décidé à bouger. Le temps de mettre le télescope, la monture et tout le reste dans la voiture, j’ai filé en direction de champs bien dégagés pour observer et tenter de faire une image de la conjonction.
A peine le matériel installé, le dernier nuage qui masquait les deux géantes s’en est allé. Un coup d’œil à l’oculaire, spectacle émouvant de voir en même temps Sature, Jupiter et le balai des satellites. Petite surprise, dans le même alignement se trouvait un étoile assez brillante donnant l’illusion d’une cinquième lune galiléenne !
Ensuite, remplacement de l’oculaire par un petite caméra pour tenter d’immortaliser la scène. Le froid et l’obscurité qui s’installent, quelques plantages du matos, la routine quoi. Par contre dans ma précipitation, j’ai trop bien équilibré le tube et, pas de chance, les rafales n’arrête pas de le faire trembler. Plus le temps d’améliorer le setup, les planètes sont déjà très basses. Quelques séquences vidéos avec différent temps de pose, un dernier coup d’œil à l’oculaire et c’est déjà fini.
Avec le vent, les planètes très basses et un tube pas vraiment à température, la moisson d’images n’est pas top. Sur les quelques milliers, j’en aurai gardé qu’une 50aines en tout, les meilleures à vue d’œil. Pas beaucoup de détails de surface mais avec (dans l’ordre de droite à gauche) Europa, Io, Ganymede, Callisto, puis Titan et Rhea autour de Saturne, cela donne assez bien ce que j’ai pu voir.
Pas de regrets, rien n'a filtré au travers des nuages le jour J.
Newton 10" sur Ioptron 45pro, camera ASI 12mm mono.
Jupiter : 8 poses de 1.5 ms; Saturne : 9 poses de 5 ms; satellites : 30 poses de 90 ms.
Processing : Siril, Pixinsight, Affinity Photo.