Une myriade de boules de feu lacérant le crépuscule dominical : il n'en fallait pas plus pour faire du ciel le principal sujet de conversations et de préoccupations des Espagnols en cette veille d'Epiphanie. Le moment était mal choisi pour traiter de fantaisistes ou de naïfs ceux qui guettaient l'apparition de l'étoile d'Orient, censée guider les Rois mages en route vers Bethléem…

La traînée incandescente qui a traversé dans un sifflement strident la péninsule ibérique, de la Galice (nord-ouest) jusqu'à l'archipel des Baléares (sud-est), est venue abreuver de magie et de superstition les enthousiastes de cette tradition, une fête déjà très populaire auprès des enfants espagnols.

Quelques observateurs du phénomène, moins optimistes, redoutaient l'Apocalypse. D'autres, plus terre à terre, voyaient dans ce bolide céleste une manifestation météorologique insolite ou la chute d'un déchet spatial. Jusqu'à ce que les scientifiques rendent leur verdict : les mystérieuses boules de feu proviennent de l'irruption d'une météorite dans l'atmosphère, chauffée à blanc par le frottement de l'air.

Parvenue au-dessus de la Castille (centre), elle aurait explosé comme l'attestent les nombreux témoins qui parlent de « grand fracas », de « gros bruits de pétard », faisant également allusion à une légère secousse sismique.

La chute d'une météorite n'a rien d'exceptionnel si ce n'est que le phénomène a été observé à la lumière du jour, ce genre de spectacle s'admirant plutôt dans la nuit noire.

Lundi, le débat scientifique portait sur l'envergure et le poids de l'aérolithe : quelques centaines de kilos, d'après certains, cinquante tonnes pour d'autres, la vérité se situant probablement entre les deux.

Peut-être les restes tombés au sol permettront-ils d'en apprendre davantage. Mais, malgré les efforts déployés par la gendarmerie, aucune trace de la boule de feu n'a été retrouvée pour le moment. L'étoile d'Orient aurait-elle poursuivi sa route ?

EMMANUELLE STEELS, à Madrid
Article rédigé par Thierry Thysebaert