Initiation à l’astronomie au Maroc
Thierry Thysebaert

2009 est une année particulièrement riche pour le GAS qui s’est inscrit pleinement dans le cadre des activités de l’année internationale de l’astronomie. Manifestations publiques à Spa et stage pour jeunes ont rencontré un vif succès qui concrétise un bel exploit pour ce groupe. Dépassant nos petites frontières locales, deux de nos membres sont donc allés se plonger, au cours des vacances de Pâques, au sein d’une population plus préoccupée du quotidien que des vains amusements publics, à savoir les Berbères de l’Atlas.

Auparavant, d’autres membres avaient monté des petites lunettes aisément transportables par avion, mais néanmoins très performantes.
Au pied de l’Atlas marocain, à 1500m d’altitude, en 2009, la vie se décline pratiquement toujours comme au temps du Christ : vie pastorale et maigres cultures en terrasses suffisent pourtant à nourrir une population largement dominée par la jeunesse. Seule concession à la modernité, les horribles paraboles parsèment maintenant les toits des villages les plus reculés et composent avec les gsm les seuls éléments de notre modèle de civilisation. En immersion parmi cette population très hospitalière, nous partageons leurs occupations diurnes : montée aux champs et arrachage des mauvaises herbes à la main jusqu’au coucher du soleil qui voit le retour de la communauté de tous les sentiers menant au village, les hottes des ânes et mulets gonflées de fourrage pour le bétail. Que dire devant le spectacle de ces champs, constellés de fleurs multicolores, comme ici du temps de notre enfance, mais disparues à force de pesticides et là-bas resplendissantes face à la blancheur de l’Atlas enneigé pendant qu’au loin retentit l’appel du Muezzin à la prière !



Le soir venu, dans un ciel d’une pureté désormais méconnue chez nous, la communauté, tous âges confondus, se presse autour de nos petits instruments et admire pour la première fois les cratères lunaires ou les anneaux de Saturne. Un régal pour les jeunes et un choc pour les anciens à qui on avait fait croire depuis les années 60 que la face visible de la lune était celle du roi Mohamed V les épiant dans leurs faits et gestes ! Dans ces villages, l’enseignement se pratique par demi journée, -les enfants se pressent à 4 par banc- le reste étant consacré aux champs ou aux tâches ménagères. La lessive se pratique toujours au ruisseau comme avec nos lavandières du temps jadis.
Moment émouvant, au cours de nos promenades en montagne, une adolescente non scolarisée, occupée à la recherche de fourrage, nous interpelle en français… dans la conversation qui suit elle nous raconte qu’elle a appris notre langue en regardant la TV et avant de nous quitter nous demande : « N’auriez-vous pas un livre pour moi ? »
Le temps d’initier les enseignants, de leur donner le dernier livre de vulgarisation de Yaël Nazé (ULg) et nous devons quitter la famille qui nous a accueillis comme les leurs… Nous espérons bien renouveler cette expérience dans un autre coin du Maroc. Ce partage a été possible grâce à l’aide d’une nouvelle asbl de tourisme équitable (320 euros la semaine dont la moitié est reversée à l’association pour l’émancipation de la femme marocaine et le développement d’un tourisme vecteur d’emploi pour les jeunes. Par ex. l’achat d’un lave-linge par village.) La nourriture est copieuse et saine. Un site à visiter pour s’en convaincre : http://www.trekking-mont-blanc.com/ ou au 087/773456.