Juillet 2020 – Chandolin (Valais Suisse)
Après une semaine passée dans le Quercy, Chantal et moi avons rejoint l’appartement de famille dans les alpes suisses à Chandolin.
Au cours de deux belles nuits, j’ai pu tester le site du « parking de la forêt » situé entre le village de Saint-Luc et celui de Chandolin à environ 1950 mètres d’altitude. J’y ai mesuré la noirceur du ciel et ai obtenu un SQM oscillant entre 21,3 et 21,4.
Un des animateurs de l’observatoire de Saint-Luc m’a dit que c’était la valeur qu’il mesurait aussi lorsqu’il y avait un peu d’humidité dans l’air mais que, les meilleures nuits, cela pouvait monter aux alentours de 21,7. Ce n’est quand même pas si mal si je me souviens qu’en Belgique, le meilleur score que nous ayons obtenu, avec Alexandre, était de 20,85 (près du signal de Botrange) ; que, dans la caldeira de Tenerife, j’avais obtenu 21,6 et que dans le haut atlas marocain (observatoire d’Ouikameiden nous avions mesuré 21,7 en novembre 2018).
Le parking est suffisamment large et bien orienté pour les observations. On dispose d’une grande ouverture vers le Sud-Est et le Nord-Ouest. Dans les autres directions, l’horizon est plus ou moins masqué par les sapins ou les montagnes mais on dispose toujours d’au moins 45° de ciel dégagé.
Les conifères de cette forêt sont principalement des mélèzes et des pins des alpes également appelés « Aroles ».
Il y a plus de quarante ans que je fréquente cette région. Je n’y avais jamais croisé le moindre moustique et pensais que ces nuisibles ne pouvaient vivre en altitude. Depuis environ trois ans, j’ai bien dû constater que c’était faux. Les moustiques ont envahi cette région et plus particulièrement cette clairière qui en est infestée dès la tombée de la nuit. En plus, ces « sales bêtes » sont arrivées à me piquer au travers des sous-vêtement minces qui couvraient mes bras.
Les deux nuits, j’ai monté le matériel vers 21 heures puis ai attendu que la nuit tombe, réfugié dans la voiture pour éviter les » horripilants suceurs de sang ».
Deux photos d'ambiance ...
Comète Neowyse C/2020 F3
Je ne pensais pas voir la comète depuis ce parking mais l’ouverture vers le Nord-Ouest permettait de bien l’observer comme en témoigne cette photo (médiocre) prise avec mon smartphone. On y voit la grande ourse (bien que l’étoile du bout de la casserole soit masquée par un petit nuage) et, un peu à droite, entre celle-ci et le sommet des sapins notre comète semblant vouloir plonger vers le bas.
Avec les 400 millimètres du télescope, l’image était somptueuse montrant un noyau éclatant entouré d’un halo verdâtre et d’une queue lumineuse à souhait sortant largement du champ (d’un degré) de mon plus faible grossissement.
J’ai fait plusieurs tentatives pour photographier la comète en afocale avec le smartphone mais n’ai obtenu qu’une traînée laiteuse verdâtre.
Station spatiale internationale
A plusieurs reprises, l’ISS a traversé la voûte céleste. J’avais activé les notifications de passage sur l’application « Skysafari » de mon smartphone et, prévenu de l’imminence de ses passages, j’ai essayé une fois de la suivre au télescope.
Malheureusement, elle était rapide et trop lumineuse, si j’ai bien perçu qu’elle n’était pas ponctuelle, je ne suis pas arrivé à distinguer le corps ou les panneaux solaires du vaisseau.
NGC 6781
Dans la constellation de l’aigle, se trouve une belle nébuleuse planétaire qui, malgré sa taille et sa belle forme annulaire n’a, à ma connaissance, pas de surnom.
Une nébuleuse planétaire, c’est une étoile en fin de vie qui éjecte son gaz dans des couronnes plus ou moins complexes. On y trouve donc une étoile centrale (visible si elle est encore suffisamment lumineuse) et une couronne souvent bien mise en évidence avec un filtre interférentiel (UHC ou OIII qui laisse passer la couleur de l’oxygène ionisé ainsi que, pour les UHC, celle de l’hydrogène ionisé).
La plupart des nébuleuses planétaires sont très petites, d’aspect quasi stellaire. Ce n’est pas le cas de NGC 6781 dont la taille fait environ 1 minute d’arc.
L’étoile centrale de NGC 6781 n’est pas observable avec mon télescope mais l’anneau, rouge sur les photos, est bien visible avec, en scrutant longtemps l’objet, une partie un peu plus lumineuse apparaissant sur ¾ de son périmètre.
Voici, en haut une photo Wikipedia et, en bas, le dessin que j’en ai fait avec un filtre OIII puis UHC.
NGC 6572
Tant qu’on est dans les nébuleuses planétaires, j’ai également observé NGC 6572, située dans le serpentaire et dont la couleur vive lui a valu le surnom de « l’émeraude ».
Cette nébuleuse est très petite mais sa couleur bleu vif (et non vert émeraude à mes yeux) permet de la repérer assez facilement. Il faut cependant grossir considérablement (400 x) pour déceler qu’elle est un peu allongée avec un centre légèrement plus lumineux et 2 bras en forme de « S » évoquant un peu la forme d’une galaxie spirale barrée.
Ci-dessous, une photo prise par le télescope Hubble et le dessin que j’ai fait.
NGC 7009
Pour terminer avec les nébuleuses planétaires observées ces deux soirées, voici NGC 7009 surnommée « nébuleuse Saturne » en raison de son aspect rappelant vaguement la planète aux anneaux à très fort grossissement.
Située dans la constellation du poisson, elle n’est pas très grande, environ ½ minute d’arc et il faut grossir fort pour en percevoir quelques détails en visuel. D’aspect un peu bleutée, elle comporte un anneau ovale légèrement plus lumineux que le reste. Personnellement, je n’ai vu ni l’étoile centrale, ni les extensions latérales en forme de petits jets partant aux extrémités de l’anneau central.
Voici une photo prise par le télescope Hubble et, en dessous, mon dessin.
NGC 4485
Passons maintenant à deux galaxies que j’ai essayé de détailler au cours de ces deux nuits.
La première est un couple de galaxies en interaction que les anglo-saxons surnomment « cocoon galaxy ».
La plus grosse des deux est une galaxie irrégulière plus ou moins vue de profil et une de ses extrémités est légèrement déformée par l’attraction gravitationnelle exercée par la plus petite.
Le couple est situé dans la constellation du chien de chasse et, visuellement, seules les parties les plus lumineuses sont perceptibles.
A nouveau, une photo glanée sur le net et mon dessin.
NGC 4565
Enfin, pour terminer, une galaxie très élégante. Elle se situe dans la constellation portant le nom poétique de « chevelure de Bérénice ». Vue de profil, elle est très fine ce qui lui vaut son surnom de « galaxie de l’aiguille ».
Elle est relativement lumineuse et très large puisqu’elle occupe pratiquement la moitié du champ d’un oculaire donnant 0,5 degrés. En réalité elle mesure environ 192.000 années lumières (soit à peu près le double de la taille de notre voie lactée) et se situe à une quarantaine de millions d’années lumières de nous.
Yves Piette